Y aura-t-il un avant et un après confinement ? Cela dépendra de nous et de ce que nous voulons. Si j’arrive à mettre de l’ordre dans mes pensées, à mieux connaître l’être intérieur qui est en moi, et à prendre conscience du rôle que j’ai à jouer dans la société, j’aurais alors accompli un grand pas en avant et cet épisode de ma vie n’aura pas été vain, il m’aura permis de grandir. Cette pandémie ne marquera pas la fin de la marche du monde, il y aura bien un après.
Mais, à l’heure où notre planète est devenue une « poubelle » à ciel ouvert, pillée et dénaturée, de tels événements nous obligent à reconsidérer nos priorités : revenir à une forme de sobriété, de mesure, qui caractérisait des sociétés moins avancées. Dans de telles circonstances, nous sommes contraints d’apprendre à valoriser ce que l’on possède déjà et à en prendre soin. Parfois, l’homme a besoin d’être au pied du mur pour découvrir ce qui est véritablement bon pour lui et pour qu’il puisse révéler ce qu’il a de meilleur en lui. Le système-monde fondé sur l’avoir est aujourd’hui ébranlé par cette pandémie, il n’est pas à l’arrêt mais presque. Ce qui se passe aujourd’hui nous rappelle l’équilibre fragile sur lequel il repose. Pour une cause qui dépasse les frontières géographiques, culturelles, idéologiques et économiques, l’humanité sait encore se rassembler pour faire front. N’est-ce pas sa raison d’être et la seule voie de salut ? Les moyens humains et matériels mis en œuvre pour faire face à la pandémie en sont la preuve. Nous devons saisir cette occasion en puisant au plus profond de nous ces valeurs qui peuvent encore rassembler l’humanité et qui pourront nous permettre de réinventer notre monde aujourd’hui miné par l’individualisme, les inégalités, le paraître, un esprit de compétition néfaste, et toutes sortes de dérives que nos sociétés modernes ont générées.
C’est en dépassant une perspective limitée à notre ego que nous pourrons être à la hauteur des défis auxquels notre société doit faire face. L’homme est sur terre pour réaliser de grandes choses, pour marquer l’histoire, en fonction de ses prédispositions et de la force de ses aspirations. Faire face à une crise sanitaire d’une telle ampleur est à la fois un défi majeur à relever individuellement et collectivement et une manière de jauger le degré des solidarités qui s’expriment dans une société. Il nous faut revenir aux valeurs universelles que chaque individu reconnaît instinctivement au plus profond de sa prime nature et de son humanité. Certaines de ces valeurs que nous avons héritées de nos ancêtres s’effritent devant nos yeux, anéanties par une immoralité devenue norme. L’éducation et l’attention que nous porterons aux jeunes générations sera le socle d’un changement qui ne peut se concevoir que sur le long terme.
La destinée qui se dessine pour notre monde est conditionnée au plus haut point par les agissements des hommes et des femmes qui le peuplent. L’état de notre planète, meurtrie par la surexploitation de ses ressources naturelles, inhérente à une conception du bonheur génératrice de pollutions de tout genre et de mutilations quasi-irréversibles, ne laisse plus personne indifférent. Cette pandémie, quelle que soit l’ampleur de l’empreinte qu’elle laissera, n’est que de passage. Après l’épidémie, la vie reprendra son cours. Si elle ne fait pas naître au plus profond de mon être la question du sens de mon existence, seule interrogation qui permettra d’initier collectivement une réforme de nos modes de vie, elle n’aura servi à rien.
Une seule chose compte vraiment : trouver ma voie intérieurement, même dans le chaos, emprunter le chemin qui conduit à la sérénité. Pour cela nous devons repenser notre économie qui institue la surconsommation, le gaspillage et le jetable. D’autres valeurs et d’autres façons de consommer sont à mettre à l’honneur et à expérimenter. La satisfaction de nos désirs les plus immédiats ne peut conduire à un bien-être durable, que l’on ne peut rencontrer en réalité qu’au plus profond de soi.